• Le sang placentaire soigne mais gare aux dérives

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    Les cellules présentes dans le placenta et le cordon peuvent guérir des maladies du sang.Elles font l'objet d'une surenchère commerciale. L'Agence de biomédecine fait un point médical et éthique.


    Qu'appelle-t-on sang de cordon et quand est-il prélevé ?
    Lors d'un accouchement, lorsque le bébé est expulsé et le cordon ombilical coupé, on peut prélever dans le placenta, encore dans le ventre de la mère, du sang. Cela ne peut se faire que dans certaines maternités, avec un accord préalable et si l'accouchement est sans risque. Ce sang placentaire, ou sang de cordon, contient des cellules souches dites hématopoïétiques. Elles sont à l'origine des cellules sanguines. Une fois prélevées, elles sont congelées dans les vingt-quatre heures.

    À quoi peuvent-elles servir ?
    On peut s'en servir comme « médicament » pour lutter contre des maladies du sang (leucémie, anémie). Pour que cette thérapie soit efficace, il faut un donneur et un receveur qui soient le plus compatibles possible sinon il y a rejet. Mais des différences doivent néanmoins exister pour que les nouvelles cellules introduites puissent combattre la maladie, là où celles du receveur ont échoué. C'est là toute la difficulté de ces greffes.

    Quelle est la particularité de ces cellules ?
    Celles qui sont présentes dans le sang placentaire (il en existe aussi dans la moelle osseuse) ne sont pas très matures. On dit qu'elles sont « naïves ». Inconvénient : leur système immunitaire n'est pas encore très développé et donc pas très agressif contre la maladie. Mais avantage énorme : l'exigence de compatibilité avec le receveur est moindre et donc on a moins de rejet de greffes.

    Où sont-elles conservées ?
    Dans des banques qui font partie d'établissements de thérapie cellulaire. On en compte huit en France. Ce ne sont pas des entreprises commerciales. Elles connaissent même parfois des problèmes d'argent car, pour chaque greffon stocké, elles déboursent 2 000 €. Aujourd'hui, il existe un débat sur le stockage dans des banques privées à des fins de soins pour soi-même. Ces établissements existent à l'étranger, aux États-Unis notamment, mais pas en France.

    On peut espérer se soigner avec ses propres cellules ?
    Non. La communauté scientifique mondiale est claire là-dessus. On ne peut pas se soigner d'une maladie avec son propre sang de cordon. Les banques privées qui proposent aux mères, moyennant de l'argent, de conserver du sang de cordon pour soigner une éventuelle maladie future de leur enfant ne vendent que du rêve ! J'y ajouterai une dimension éthique. La naissance d'un enfant n'est pas la livraison d'un produit avec son kit de réparation. D'autre part, en France, nous avons un système basé sur le don et la solidarité et non sur le « Je garde pour moi ce que j'ai. »


    Source : ouest france 16/ 02/ 10 Entretien de Emmanuelle Prada-Bordenave. Directrice générale de l'Agence de biomédecine, qui régule les greffes et veille au respect de la loi de bioéthique.

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  • Commentaires

    1
    Mathide Keller
    Samedi 8 Septembre 2012 à 21:51
    "La communauté scientifique mondiale" ? Ca se passe pourtant très différemment à l'étranger, seule la France est en retard !
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