Franck Pimoult et Rémi Augereau, équipés comme des alpinistes, achevaient, mercredi après-midi, une journée de campagne de stérilisation d'oeufs de goélands argentés, dans un quartier lorientais. Le service d'hygiène de la ville a confié ces opérations, depuis 2006, à leur société CETH (cordiste, travail en hauteur), basée à Merlevenez.

Leur mission ? Monter sur les toits où des nids de goélands ont été repérés. « La plupart du temps, nous accédons par des trappes. Puis nous approchons les nids posés sur les cheminées. » Munis de casques, pour parer les coups de bec des volatiles dérangés, ils pulvérisent sur les oeufs un mélange d'huile et de formol. « L'huile empêche l'oeuf de respirer. Le formol évite à l'oeuf de pourrir », détaillent Daniel Crublet et Guy Le Hunsec, qui suivent les deux hommes, avec le plan détaillé de tous les nids répertoriés à Lorient.

« Le goéland pond en ce moment. Il couve ensuite pendant vingt-huit jours. Mais il ne se rend pas compte qu'il est sur un oeuf stérile. Nous ne détruisons jamais les nids car, sinon, ils en rebâtissent un à côté, et repondent aussi sec. »

« Des cris intolérables »

Chaque année, ce sont environ 900 oeufs répartis dans 350 nids qui sont stérilisés. « L'objectif n'est pas forcément de diminuer la population, mais de la chasser du centre-ville. » Depuis une dizaine d'années environ, les plaintes des Lorientais se sont accentuées, tendant à prouver que les oiseaux se mettaient à coloniser de nouveaux quartiers, au lieu de se cantonner aux traditionnels secteurs des ports de pêche et de commerce.

« Et quand les oeufs éclosent, les goélands sont bruyants, voire agressifs. Leurs cris deviennent intolérables, d'autant qu'ils commencent au lever du soleil, vers 5 h, pour s'achever avec la nuit, vers 23 h, en juin et juillet », argumente Daniel Crublet. Sans parler des déjections, qui constellent trottoirs et voitures.

Ces opérations de stérilisation sont réglementées et soumises à autorisation préfectorale. Elles se déroulent en deux campagnes. Après un premier passage, les grimpeurs professionnels reviendront début juin. Les stérilisations ne sont pas autorisées pour les oeufs de goélands marins et bruns. Toute l'année, dans les quartiers concernés, la municipalité multiplie les campagnes d'information et martèle : « Si on veut éviter que des goélands s'installent, il faut absolument éviter de leur donner à manger. Mais ce n'est pas toujours évident de le faire comprendre aux gens. »