C'est une première mondiale, une prouesse scientifique, presque un tour de magie. À partir de cellules souches embryonnaires, des chercheurs ont créé de l'épiderme humain. Ils peuvent en produire
à volonté.
À 30 ans, Xavier Nissan fait partie de l'équipe qui vient d'ajouter une pierre à l'édifice de la recherche médicale. Jeune ingénieur, il cosigne un article dans la prestigieuse revue
scientifique
The Lancet.
« On y explique par le menu comment nous avons réussi à recréer de l'épiderme en transformant des cellules souches. »
Rien que ça ! Une prouesse saluée par la communauté scientifique mondiale.
« Jusqu'à présent, personne n'y était parvenu. » À Évry, aux portes de Paris, on a abouti. Après
quatre ans de boulot ! Une victoire pour l'I-Stem, le laboratoire dirigé par Marc Peschanski et pour moitié financé par le Téléthon.
« Si les cellules souches sont nourries et conservées dans leur milieu, les cellules souches sont en effet immortelles », précise Xavier Nissan. Leur utilisation soulève un débat
éthique à la hauteur de leurs promesses thérapeutiques. Elles apparaissent cinq jours après la fécondation de l'ovule par un spermatozoïde et sont capables de tout fabriquer (on les dit
« pluripotentes »). Elles sont l'origine même du corps humain. Sous l'oeil du microscope, on peut les voir vivre en colonie au fond de leur couvercle en plastique.
« Pour leur permettre de créer de l'épiderme, nous les avons mises en contact avec une protéine spéciale, commente Xavier Nissan.
Au bout de quarante jours, elles se transforment en
kératinocytes, les cellules à l'origine de la peau. » Le secret de cette réussite ? Le respect de la chronobiologie.
Dans un incubateur, l'équipe du professeur Peschanski a recréé un milieu proche du ventre de la mère, en température, en humidité. À l'intérieur, les petites cellules ont bien travaillé, offrant
aux scientifiques ravis un épiderme complet. Il a atterri sur le dos d'une pauvre souris de laboratoire, préalablement écorchée et, cocorico !, la greffe a pris.
Cette prouesse ouvre de larges horizons thérapeutiques.
« En 2011, nous allons passer aux essais cliniques. L'idée est de créer de véritables banques de peau humaine qui pourraient servir
pour les greffes de grands brûlés ou soigner des maladies de peau. »
source : ouest france 09/02/10