Le 6 avril 2009, à 3h32 du matin, un séisme de magnitude 6 secoue L’Aquila, en Italie. Les dégâts sont considérables dans le centre de cette ville médiévale des Abruzzes : 20.000 bâtiments s’effondrent. Le séisme fait 309 morts, plus de 1.500 blessés et laisse 65.000 personnes sans toit. Aujourd’hui, des chercheurs, des responsables de la protection civile et un représentant du gouvernement doivent répondre devant la justice « d’homicide involontaire ».
L’Aquila est située dans la chaîne de l’Apennin, zone sismique bien connue qui fait les frais, comme d’autres régions méditerranéenne, du rapprochement de la plaque Afrique et de la plaque européenne. Cependant, si on peut définir un aléa sismique, il n’existe pas de méthode fiable pour prédire quand va se produire un tremblement de terre, ont rappelé les sismologues.
Cette réunion est au cœur du procès qui s’ouvre aujourd’hui en Italie. D’après la commission présidée par le sismologue américain Thomas Jordan (Université de Californie) qui a examiné le cas de L’Aquila, rien ne permettait aux experts de conclure à la survenue imminente d’un tremblement de terre. Reste ce qui a été dit à la presse et donc au public par Barberi et De Bernardinis. Celui-ci a expliqué aux journalistes que, selon les scientifiques, l’essaim sismique contribuait à libérer l’énergie accumulée sur la faille et diminuait donc le risque d’une secousse importante. Les sismologues se défendent d’avoir délivré un message rassurant pendant cette réunion. Dans une telle région, le risque ne peut jamais être écarté.
Dans sa volonté de répliquer aux alarmes lancées par Giuliani, la commission aurait-elle oublié la fragilité des bâtiments de
L’Aquila, négligeant de rappeler les précautions d’usage (ne pas rester dans les maisons en cas de secousse,
etc..) ? C’est notamment ce que lui reproche les parties civiles.
Quelle qu’en soit l’issue, ce procès met en lumière la position délicate des scientifiques et des experts consultés sur des
situations de crise –tempêtes, ouragans, séismes, éruptions volcaniques… L’affaire de L’Aquila pourrait les inciter à revoir leur façon de participer à des cellules de crise
et de s’exprimer auprès du grand public, dans la crainte de poursuites pénales.
Cécile Dumas
Sciences et
Avenir.fr
20/09/11